Supervision de groupe informée par le traumatisme : trouver des soins collectifs en tant que cliniciens
Quand j’ai déménagé de la Floride à Boston puis peu après à Montréal, j’ai laissé derrière moi un réseau professionnel et une communauté où je me sentais compris et soutenu. Soudain, je naviguais dans une nouvelle ville, une nouvelle langue et un paysage professionnel qui me semblait totalement étranger. La transition a été déstabilisante. La perte de communauté, de soutien, et même de maîtrise du langage de mon travail m’a laissé profondément seul.
Ce qui m’a aidé à me reconstruire, c’est la supervision et la formation. Ça peut sembler sec sur le papier, mais c’était en fait vital. Dans ces espaces, j’ai rencontré d’autres cliniciens qui se réunissaient non seulement pour « améliorer leurs compétences », mais aussi pour réfléchir, échanger des histoires et se soutenir mutuellement. Ce n’était pas seulement du développement professionnel. C’était une bouée de sauvetage. La supervision m’a donné un regain de sentiment de communauté et d’appartenance, et ça a honnêtement changé le cours de ma vie professionnelle et personnelle.
Voici le truc : la supervision est souvent imaginée comme une relation rigide, descendante, où le superviseur est l'« expert » et le supervisé absorbe tout. À la Clinique Altera, on n’adhère pas à ça. Nous voyons la supervision comme un processus relationnel qui doit lui-même être informé par le traumatisme.
Soyons honnêtes. Les cliniciens portent beaucoup de choses. Pas seulement le traumatisme de nos clients, mais le nôtre. Sans structures de soins, ce poids peut s’insinuer en traumatisme par procuration, fatigue compassionnelle et épuisement. La supervision informée par le traumatisme dit : ne rajoutez pas la surcharge. Faisons de cet endroit un lieu de sécurité, d’autonomisation et de restauration. Cela signifie ancrage et confinement, mais aussi confiance, autonomisation et un peu de soins du système nerveux. La supervision peut être un espace où tu expires, te réinitialises et te rappelles pourquoi tu es là.
Et puis il y a la posture relationnelle. Je sais, on dirait qu’on parle de s’affaler à table, mais en psychothérapie, c’est tout. La posture relationnelle est la façon dont nous nous comportons avec les clients — pas seulement physiquement, mais aussi émotionnellement. Trop de penchant vers l’avant et on est pris dans l’eau. Trop de retraits et on est déconnectés. Le juste milieu est d’être ancré, ouvert, accordé. Chez Altera, nous réfléchissons beaucoup à cet équilibre : comment rester connecté sans perdre son centre? C’est un changement de jeu en matière de corégulation, de confinement et de maintien de la thérapie en sécurité.
Maintenant, prenez tout ça et mettez-le en groupe, et quelque chose de vraiment magique se produit. La supervision de groupe permet aux cliniciens d’observer les luttes et les victoires des autres, de normaliser le désordre du travail et d’emprunter la sagesse aux différentes perspectives des uns et des autres. C’est la solidarité en action. Tu arrêtes de te sentir sur une île solitaire et tu te rappelles que tu fais partie d’un collectif plus vaste.
Je pense souvent à la réplique de Deborah MacNamara dans Repos, Jouer, Grandir : la croissance ne vient pas d’un grind sans fin, elle vient de cycles de repos, de sécurité et de connexion. Les thérapeutes ne font pas exception. Nous avons besoin d’endroits pour nous reposer après avoir tant retenu, pour jouer avec de nouvelles idées, pour grandir en versions plus stables de nous-mêmes. La supervision de groupe peut être exactement cela.
Chez Altera, c’est ainsi que nous exerçons la supervision : bilingue et biculturelle (anglais et français), toujours informés sur le traumatisme, toujours en mêlant ancrage et conscience relationnelle, toujours en centrant la communauté autant que sur la compétence clinique. Il s’agit moins de « cocher la case de supervision » que de faire partie d’un espace qui vous garde en apprentissage, soutenu et connecté.
Quand je suis arrivé à Montréal, ce que je désirais, ce n’était pas seulement un accompagnement professionnel. Je voulais une connexion, un sentiment d’appartenance. C’est ce que la supervision de groupe informée par le traumatisme m’a apportée, et c’est le battement de cœur de ce que nous offrons aujourd’hui à la Clinique Altera.
La supervision ici n’est pas qu’une exigence professionnelle. C’est une pratique collaborative de soins. Pour les cliniciens. Pour leurs clients. Et, vraiment, pour les communautés que nous travaillons tous à maintenir.
Référence
MacNamara, D. (2016). Repos, Jouer, Grandir : Donner du sens aux enfants d’âge préscolaire (ou à toute personne qui agit comme tel). Areté.

