Qu’est-ce que la prison de la honte?
Qu’est-ce que la prison de la honte? Comprendre l’émotion qui nous protège et nous déconnecte
Par Amanda Hankins, MSW, psychothérapeute et directrice clinique, Clinique Altera
On ne parle pas assez de honte.
Pas le genre de honte qu’on retrouve dans les slogans d’auto-assistance ou les leçons morales, mais le genre calme et physique. Le genre qui fait que l’estomac se noue, le visage rougisse, que les pensées s’emballent et que le corps veut disparaître.
Ce genre de honte est puissant, ancien et profondément relationnel.
Parlons-en.
Pas comme quelque chose à réparer, mais comme quelque chose à comprendre. Parce que lorsque nous apprenons à voir la honte pour ce qu’elle est vraiment, nous pouvons commencer à travailler avec elle plutôt que contre elle.
Au fil des ans, je me suis surpris à utiliser une métaphore pour aider les gens à comprendre et à adoucir leur relation avec cette émotion. Je l’appelle la prison de la honte.
Pourquoi on finit en prison de la honte
D’un point de vue relationnel et informé par le traumatisme, la honte n’est pas mauvaise. C’est l’une des émotions les plus profondément humaines que nous ayons. La honte a évolué pour nous garder connectés aux autres. Ça nous dit : « Attends, quelque chose là-dedans pourrait menacer notre appartenance. »
Dans les relations saines, ce signal nous aide à réparer et à nous reconnecter. Mais quand la sécurité ou l’amour ont été conditionnels, quand l’approbation a été méritée au lieu d’être donnée librement, notre système nerveux peut commencer à surréagir. Il commence à associer la visibilité au danger.
Avec le temps, on ne ressent plus seulement de la honte quand on a blessé quelqu’un. On le ressent simplement parce qu’on est vus.
C’est alors que le signal de protection devient une prison.
La métaphore de la prison de la honte
La prison de la honte est l’endroit en nous où nous nous retirons quand notre corps sent que cette connexion n’est peut-être pas sécuritaire. C’est calme, étouffé, familier. Pour beaucoup d’entre nous, cela a commencé comme une forme de protection.
Enfants, se retirer ou rester encore était peut-être la seule façon de rester en sécurité dans des relations qui semblaient imprévisibles ou accablantes. Cette cellule intérieure nous a aidés à survivre aux moments où on se sentait trop, trop exposés ou trop seuls.
Mais ce qui nous a protégés à l’époque peut nous garder coincés maintenant.
À l’âge adulte, la prison de la honte peut donner l’impression de trop réfléchir, de s’excuser, d’isoler ou de se déconnecter des gens qui tiennent vraiment à lui. C’est la tentative du système nerveux de nous protéger du rejet, même lorsqu’il n’y a pas de menace réelle.
Tu ne peux pas forcer la porte
Guérir la honte, ce n’est pas se pousser hors de la cellule ou exiger de « se sentir confiant ». Il s’agit de comprendre pourquoi votre système est allé là au départ.
La honte est un signal, pas un défaut. C’est la façon dont ton corps dit : « Il y a quelque chose dans ce moment qui te semble dangereux. » Quand nous pouvons rencontrer cette partie de nous-mêmes avec curiosité plutôt qu’avec jugement, quelque chose commence à changer.
En thérapie, je n’essaie pas de forcer la porte. Je reste assis avec les gens à l’intérieur, jusqu’à ce que leur corps réalise que la porte n’a jamais vraiment été verrouillée.
La thérapie peut être un espace pour explorer doucement ces parties de vous-même — celles qui cachent, protègent et aspirent à être vues. Si vous reconnaissez votre propre prison de la honte, vous n’avez pas à trouver la sortie seul. Ensemble, nous pouvons aider votre système nerveux à se rappeler que la connexion peut redevenir sécuritaire.

